C'était une nuit, le soleil dormait paisiblement et avait laissé sa place à la lune, qui éclairait les rues de la ville de sa pâle lueur. C'était une nuit comme les autres. Emmett s'était encore levé de son lit. Petit garçon de huit ans, il lui arrivait souvent d'entendre de drôles de bruits quand il faisait noir, une fois toutes les bougies éteintes... Alors, il se rendait dans la chambre de ses parents et réveillait sa mère, qui le raccompagnait à sa chambre en lui promettant d'empêcher les vilains de venir le déranger dans son sommeil... Et là, Emmett dormait bien. Sa mère l'embrassa sur la joue et, une fois qu'elle fut certaine que son fils était endormi, elle retourna rejoindre le sien.
Pourtant, Emmett dormit mal, cette nuit-là.
À peine eut-il fermé les yeux et sombré dans un sommeil profond qu'il se mit à rêver. Il se trouvait chez lui, dans la salle à manger. Sa mère lui tournait le dos, elle préparait la cuisine et une douce odeur s'en échappait. Le petit garçon, qui sentait son ventre crier famine, s'approcha d'elle et tira un peu sur sa jupe, désireux d'attirer son attention. Et elle, elle se tourna vers lui, lui sourit, et l'invita à l'aider dans son travail.
Tout se passait bien, jusque là. Puis, cela commença.
Soudain, la femme se tourna brusquement vers son fils, affichant une expression de pure colère, et le poussa violemment contre le mur. Choqué, celui-ci s'écrasa contre la paroi, son regard empli d'incompréhension. Elle empoigna un plat en verre et le lança de toutes ses forces vers lui, et il réussit juste à temps à se pencher sur le côté pour ne pas le recevoir en plein visage. Malgré tout, un bout de verre lui entailla profondément la joue, et il se mit à crier à l'aide. Pourquoi, pourquoi sa mère devenait elle méchante comme ça ?? Alors, elle saisit un couteau de cuisine... Et il se mit à courir.
Pourtant, ses jambes le conduisirent inconsciemment vers sa chambre, et il n'eut pas d'autres choix que de s'y réfugier, bloquant la porte avec tout ce qui lui passait sous la main. Puis, il se tut, et attendit...
*Shlink, shlink*
Quel étrange bruit... Celui de deux matières qu'on frotte l'une contre l'autre. Du métal. Un couteau qu'on aiguise. Et un rire, discret et cruel... Voici donc ce qu'il entendait tous les soirs, avant de s'endormir.
Sa mère veut le tuer.
Et il s'était réfugié sous ses couvertures, mort de peur.
Quand la porte se défonça et s'ouvrit à la volée, il hurla. Il cria tellement qu'il en alerta ses parents, mais aussi les voisins. Il venait de faire un cauchemar, oui, mais pas n'importe lequel... Tout avait été si réel... Les sensations, les bruits, les odeurs... Il venait de voir ses plus grandes peurs se dérouler sous ses yeux. Il se souvenait de tout, sauf de s'être endormi, et refusa que sa mère ne l'approche... Enfin, sur sa joue, le sang de l'entaille coulait toujours...
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Irwin soupira, une fois que l'homme qui était venu le voir termina son récit.
-Je vois... Ainsi, une créature inconnue attaque les humains par les rêves et fait passer ceux-ci pour de la réalité, c'est bien cela ?
L'homme approuva. Le directeur de Wolroof soupira davantage, très peu enthousiaste à l'idée d'avoir affaire à un monstre inconnu. Son visiteur continua à parler, lui affirmant que non seulement des humains avaient été attaqués, mais aussi certains habitants de la Ville Monstruaire, et que les écoles n'étaient pas à l'abri du danger. Irwin leva immédiatement les yeux vers lui, inquiet. Comment lutter contre une créature qui se déplace de rêves en rêves ? Il était désemparé à l'idée qu'un de ses élèves subisse le fait d'assister directement à une de ses plus grandes peur, mais aussi qu'il encaisse des dommages physiques, coups et blessures, simplement en restant couché dans son lit. Cette créature était une grande menace, mais aussi un redoutable opposant... Et, chose d'autant plus désagréable... il serait dès lors indispensable de s'allier avec Scarwall afin de lutter contre le monstre, et donc, avec Lysander...
Irwin s'affala sur son bureau, écrasé par la mauvaise nouvelle. Tout comme lui, les objets de son bureau s'aplatirent tous, comme s'ils se penchaient en cœur pour l'assister dans ses lamentations. L'homme, quant à lui, quitta le bureau, assurant que Mr. Kenislas avait été mis au courant de "l'épidémie" entre temps. C'est donc avec beaucoup de désarroi que le directeur Grimm pria pour que Nightmare, comme on avait décidé de le nommer, ne s'introduise pas dans son école...