Stanislav arpentait les allées du Jardin des Quatre Saisons, caressant du regard les nombreuses structures feuillues, plus ou moins à son goût. Elle tentait de découvrir quel animal était représenté, mais également de saisir son mouvement, ce qui n’était pas toujours tâche facile. Plusieurs fois elle avait dû s’enfuir. Restée trop longtemps immobile devant les statues de verdure, les ombriphères l’avaient prise en grippe. A chaque fois qu’elle s’arrêtait trop longtemps, ils étendaient leurs longues racines et se penchaient au dessus d’elle, afin d’aspirer sa substantifique moelle vitale.
*C’est quoi ce truc ? Un lapin ? *
Déjà elle se tordait dans tous les sens afin de capter l’origine de l’animal.
« Une oreille ? Non. C’est une patte. Ou alors une queue. C’est peut-être un écureuil, ou un sanglier. Ou peut-être un énooooooooorme cafard. »
Depuis longtemps Stanislav prenait l’habitude de parler toute seule, ça l’aidait à réfléchir. Quelques oiseaux la regardaient avec curiosité, mais mis à part eux, elle était complètement seule.
Le contact avec les feuilles de lierre la faisait doucement frissonner, le vent léger et frais lui balayait les cheveux sur son visage et onduler sa longue veste sur ses genoux nus. Le vert du jardin, piqué de centaine de fleurs multicolores, donnait à sa silhouette menue un aspect poétique et charmant.
Non je déconne.
Elle se faisait royalement chier, ne connaissait quasiment personne, et sa seule occupation depuis presque deux jours était la recherche de ces foutus animaux feuillus.
Elle soupira, s’assit en tailleur par terre, comme un doigt d’honneur à tous ces ombriphères à la con qui allait de nouveau rester sur leur faim.
Justement, en parlant du loup, elle en vit un se pencher au dessus d’elle.
*Les arbres sont des connards*